SYLVIANE CHATELAIN

DE L'AUTRE CÔTÉ

De Sylviane Chatelain, nous avions déjà goûté Les Routes blanches, un premier recueil de nouvelles qui en disait long sur les possibilités de l'auteur dans un genre réputé difficile. La Part d'Ombre, son premier roman, nous avait aussi séduit... Mais avec De l'autre côté, un recueil de sept nouvelles qui emprunte son titre à celle qui domine l'ouvrage, nous découvrons un écrivain par­venu au sommet de son art. Depuis Corinna Bille, nous n'avions plus lu dans la production romande de textes brefs si forts, si prompts à créer un climat et à percer le mystère de nos solitudes et de nos silences...

Gardons-nous de disséquer la complexe alchimie qui fait de ce livre un petit chef-d'œuvre... Relevons seulement le miracle d'une écriture épurée de tout lyrisme et de toute effu­sion... Une écriture faite de phrases courtes, presque ellip­tiques, qui pénètre dans les enveloppes de la conscience comme un scalpel et qui, en quelques pages, réussit à montrer ce qui se désagrège dans l'esprit des personnages. Ainsi, dans la princi­pale nouvelle du livre, nous vivons la dérive d'une femme dont le malheur est d'avoir tué une fillette accidentellement, au volant d'une voiture. L'enfant a traversé la route sans regar­der. C'est dire qu'elle n'est pas fautive mais sa relation ambi­guë avec la mère de la défunte en fera une victime (. . . ) C'est triste, c'est sombre comme les autres textes du livre mais quelle étrange beauté, fortifiée encore par des images d'une grande sobriété. . . une beauté proche du sortilège...

ROGER GUIGNARD. Radio Suisse Romande


Quant à Sylviane Chatelain, c'est plus haut encore et plus loin qu'elle nous emmène dans un recueil de pure émotion et d'écriture parfaite dont se détache l'admirable récit intitulé De l'autre côté. En septante pages, sans un mot de trop, c'est une tragédie à rebon­dissements inattendus, douce et terrible. Par accident, une femme écrase une petite fille - l'horreur vécue. Puis on voit la mère jeter le grappin sur l'innocente coupable, et la douleur se faire vengeance, et le remords se faire torture. On ne lit pas cela comme de la littérature, mais c'est de la vraie, de la grande littérature. Lisez : cela ne se décrit pas.

JEAN-LOUIS KUFFER. 24 Heures


Le Prix Schiller à une Imérienne qui se révèle aujourd'hui comme la meilleure nouvelliste de Suisse romande

Un prix de prestige

L'Imérienne Sylviane Chatelain obtient le prestigieux Prix Schiller pour son recueil de nouvelles «De l'autre côté» publié aux éditions Campiche. Consécration.

Avec ce recueil de sept nouvelles paru l'hiver passé, l'écrivain de Saint-Imier Sylviane Chatelain signe son troisième ouvrage après «Les routes blanches», un recueil de nouvelles publiées aux éditions de L'Aire en 1986 et «La part d'ombre», publié chez Bernard Campiche deux ans plus tard.

Et déjà cinq prix, dont Le Prix Hermann Ganz 1989 et celui de la Commission littéraire du canton de Berne la même année ; enfin, le Prix Schiller comme la reconnaissance des lettres romandes pour la simplicité fluide de ses récits, la précision et le relevé exact des sentiments de ses personnages qui expriment la banalité des petits moments qui font notre vie affective et intellectuelle de tous les jours.

Aussi le nu de l'écrit. Un nu sans ostentation, ni de quelque prétention, sinon un don juste d'images sans fard.

CATHERINE FAVRE. Journal du Jura